L'ordre
chronologique des événements revient ci-après.
Le 14 février 1917, c'est le retour de "perme",
mais je ne rejoindrai pas ma compagnie à Sourdon.
Le 15 à 4 heures du soir, le train me dépose à Crépy-en-Valois.
J'y apprends que le Régiment s'est déplacé.
L'ordre donné à la gare est de prendre la direction
de longueau, puis de Troyes où j'arrive le l6
Février à 5
heures après midi. Où peut se trouver le Régiment?
......
A 3h ½ part un train qui, par Chalons s/ Marne s'arrête à Valmy
(Lieu historique) à 5 heures du matin, le 17. Avec des camarades, je
gagne pédestrement à 5 Km; Hans, où j'apprends que le
Bataillon est en réserve à 7 Km. de là...... Le petit
groupe en compagnie du Sergent-Major, arrive enfin à destination. Mon
retour de permission avait duré; 48 heures.
Que va-t-il se passer car le Régiment est relevé du front de
l'Argonne? En arrivant au cantonnement je ne retrouve pas mon Lieutenant Fayolle
en permission à son tour. Sans lui les exercices se feront à partir
du 18 février et pendant TROIS JOURS pour moi car le 22 février,
j'ai eu confirmation de la rumeur qui circulait la veille parmi les copains
du bureau. J'ai donc passé une nuit agitée ne sachant exactement
de quoi il s'agissait, exactement. "Une bonne nouvelle pour toi, me disait-on.
Tu le sauras demain".
Et c'est à la lecture du rapport du 22 février que j'ai appris
mon départ pour l'école militaire de saint-Cyr. Je devais ensuite
voir l'Officier-Payeur pour être habillé de neuf. A la dislocation
du rassemblement, mon bon Capitaine Mience m'a fait appeler pour me dire avec
son accent lillois:
"Tu n'as pu être nommé sous-officier,
eh bien, tu vois, on débarque toujours quelque part."
J'ai appris à St-Cyr que j'étais le seul du Rgt à suivre
le cours.
Une journée de préparatifs et le 24
février, à 7
h du matin je suis averti pour partir à 10 heures à St-Jean
s/Tourbe.
Qu'y ai-je fait ?......
Le Régiment, ce 50ème R.I. montera en lignes le 25 au soir. Toujours
suivant les ordres, je suis passé au bureau du Colonel où je
suis resté avec le Sergent-major de retour de permission. Avec lui,
je retourne à Hans. J'y fais mes adieux à Fourre, d'Audruicq
et comme il se doit, nous buvons une bonne bouteille, dans la voiture de Compagnie.
Il devait en être le conducteur. Autre rencontre le 26, celle du cousin
Baude de Brêmes-lez-Ardres.
Les préparatifs continuent avec un pantalon "retaillé" et
une veste au col droit. Enfin, le 27 février, à 4 heures après-midi,
je reçois ma feuille de route de l'Officier-Payeur. Je passe la soirée
avec Baude et suis heureux de revoir mon Lieutenant Fayolle, de retour de permission.
J'étais avec lui depuis l'Artois et j'allais le quitter définitivement.
Chambre
Devant me présenter à St-Cyr pour le 1er mars, je prends le train à Valmy
le 28 à 5 heures du matin et arrive à Paris, à midi. A
la gare de l'Est, je rencontre des poilus du 107ème et du 27ème
R.I. Ensemble nous dînons et prenons un taxi pour la gare des Invalides.
Il y a un train à 5 h ½ du soir. Une heure après nous
sommes en gare de St-Cyr l'école, qu'aucun de nous connaissait. Après
le repas, on nous donne une chambre provisoire avec des LITS ! ! ! !
Le 1er Mars, au réveil, c'est la distribution du café, après
les appels: "Au jus la dedans!", suivie de l'affectation des arrivants.
Je suis versé à la 5ème Cie, chambre Smala. Je fais la
connaissance de De Givenchy, un chasseur à pied du Bataillon de mon
frère Marius. Bermiet, du 126ème R.I. de Brive. Et une reconnaissance
bien inattendue celle-là. Descendant le perron de la cour d'IENA, je
croise un autre chasseur à pied qui s'arrête semblant me reconnaître.
Moi, de-même. C'était Gauchez Agénor, fils du Maire de
Marquise et ancien élève de l'E.P.S. de Calais. Où es-tu
logé? , se demande-t-on, réciproquement.
Un demi-tour pour suivre Gauchez qui gravit les 2 étages. Sur le palier
il entre dans ma chambre, se dirige vers la rangée de droite des lits
et s'arrête au pied de son lit, voisin du mien. Quelle joyeuse surprise
pour tous deux!.. On ne se quittera plus durant le stage, tant aux exercices
qu'au réfectoire. Là, le repas est pris en 20 minutes avec de
l'eau comme boisson.
A la fin de ce séjour, chacun a rejoint son Régiment. Et plus
tard, j'ai appris avec une profonde tristesse que mon camarade avait été tué à Sailly-Saillisel
(entre Bapaume et Peronne), à la tête de sa section, pendant la
bataille de la Somme en avril 1918. Une stèle élevée dans
le cimetière de Marquise rappelle sa mémoire........
C'est après le rassemblement par rang de taille que j'ai retrouvé Agénor,
versé comme moi à la 2ème Section de la 5ème Compagnie,
chambre Alger.
Notre chef sera le Lieutenant De Richemond, qui a été gravement
blessé à la main, en août 1914.
A partir du 2 mars, l'instruction sera accélérée avec
exercices le matin ou du sport, sans oublier la corvée de "pluches", épluchage
des pommes de terre, à tour de rôle par Compagnie. L'après-midi
est réservé aux cours et à l'étude de 5 h ½ à 7
heures.
Chaque Dimanche, dès le 4 mars, quartier libre pour sorties à Paris,
par train spécial. En colonne par 4, on se rend à la gare de
St Cyr.